DECENY (14 SEPTEMBRE 2025)

"Samuraï du temps" est un titre à la fois intrigant et évocateur. Quelle idée vouliez-vous transmettre à travers ce nom, presque comme une signature qui résume votre univers ?

L’idée derrière le titre "Samuraï du Temps" est une métaphore de la vie que nous menons tous. Chacun traverse des épreuves, des moments difficiles qui semblent parfois insurmontables. Mais à travers ces défis, il y a toujours une raison, un chemin à découvrir. On puise alors en nous une force intérieure, on prend notre courage à deux mains, et on continue d’avancer, coûte que coûte. Puis, un jour, l’amour véritable se présente, les instants de bonheur reviennent et la lumière finit par percer l’obscurité. Ce parcours, fait de luttes et de résilience, nous façonne, nous renforce, tel un samouraï affrontant le temps, avec sagesse, bravoure et dignité. C’est ce message d’espoir que nous souhaitons transmettre à notre audience et à nos fans à travers la musique de cet album : leur faire vivre des émotions fortes, les inspirer, leur rappeler qu’ils ne sont pas seuls dans leur combat et leur redonner foi en eux-mêmes.


L’album compte quatorze morceaux et pourtant, on ressent une grande cohérence. Comment avez-vous travaillé le fil conducteur qui relie ces chansons entre elles ?

Il s’agit d’un album concept. Nous sommes de grands fans de l’album "Operation Mindcrime" du groupe Queensryche, et c’est en partie de cette œuvre qui nous a inspirés pour créer notre propre album concept. "Samuraï du Temps" reflète la vie dans ce qu’elle a de plus vrai, de plus brut, et de plus universel. Il raconte, à travers ses chansons, un parcours que beaucoup peuvent reconnaître : celui de la chute, de la réflexion, de la reconstruction… et de la renaissance. Tout commence par un choc, une rupture amoureuse qui agit comme un véritable coup de massue ; c’est ce que l’on retrouve dans la chanson 'Ton Choix'. Cette cassure amorce une période d’introspection profonde. L’individu revisite alors les événements qui l’ont conduit à ce point de bascule : les disputes de couple ('Si au moins je savais'), les problèmes de dépendance au jeu ('C’est à soir'), l’ennui et la routine qui s’installent, la perte tragique d’un enfant ('Son sourire'), ou encore la détresse émotionnelle et le mal-être chez les jeunes ('L’indifférence'). Puis, peu à peu, quelque chose renaît. La personne reprend goût à la vie, en savourant les plaisirs simples de l’été ('C’est l’été'), en adoptant une attitude plus légère et détachée ('Cool men'), jusqu’à finalement retrouver l’amour véritable (Visage de l’ange). Ce parcours, fait de douleur, de réflexion, de résilience et d’espoir mène à une transformation profonde. L’individu devient plus fort, plus sage, tel un "Samuraï du Temps", marqué par les épreuves, mais debout, prêt à affronter ce que la vie lui réserve avec dignité et courage.


Toutes les chansons de l’album sont inspirées d’événements réels vécus par les musiciens et les compositeurs du groupe.


On retrouve dans vos textes des thèmes universels – amour, doutes, espoir – mais aussi une vraie intensité personnelle. Quelle part d’autobiographie se cache derrière des titres comme 'Ton choix' ou 'Si au moins je savais' ?

Toutes les chansons de l’album sont inspirées d’événements réels vécus par les musiciens et les compositeurs du groupe. L’esprit de la chanson 'Ton choix' reflète le choc émotionnel d’une personne qui vient d’être quittée par son partenaire. Cette histoire s’inspire d’un ami que nous connaissons, qui a été quitté il y a plusieurs années par sa conjointe. À l’époque, il avait de jeunes enfants, et sa conjointe l’a quitté pour quelqu’un d’autre. La chanson 'Si au moins je savais' puise quant à elle dans les conflits de couple, un thème universel. L’un des membres du groupe a d’ailleurs traversé récemment une période particulièrement difficile dans sa vie conjugale. Ces exemples concrets illustrent bien les expériences personnelles qui ont nourri la création des chansons de l’album.


Musicalement, on sent un équilibre entre la puissance du rock et des mélodies très accessibles. Était-ce une direction définie dès le départ ou le résultat naturel de vos influences ?

Exactement, c’est un choix entièrement voulu. Nous visons un style musical commercial et accessible à tous, tout en nous permettant d’explorer, selon la chanson, les limites du hard rock. L’intensité musicale varie en fonction des émotions véhiculées et du contexte propre à chaque morceau.


Pouvez-vous nous plonger dans les coulisses de l’enregistrement ? Comment s’est déroulé le processus de création de "Samouraï du temps" en 2025 ?

La plupart des chansons avaient été composées depuis plusieurs années, ce qui nous a permis de passer directement à l’enregistrement, après les avoir actualisées pour qu’elles soient au goût du jour. Le processus d’enregistrement a débuté en 2024. Nous avons commencé par enregistrer les pistes chez Maxim Bouchard, notre bassiste, qui possède son propre studio. La masterisation a ensuite été réalisée par Charles Ruelland, également impliqué dans le projet comme joueur de cajun, technicien de son, et qui contribue à d’autres aspects techniques.


L’anxiété est l’un des fléaux de notre société actuelle.


Certains titres, comme 'Pris au piège', dégagent une atmosphère plus sombre, presque dramatique. Quelle histoire vouliez-vous raconter à travers ce morceau ?

L’anxiété est l’un des fléaux de notre société actuelle. Tout va trop vite, la pression vient de toutes parts, et il devient parfois difficile de garder le cap. Cette chanson a été ajoutée à la dernière minute, portée par un besoin sincère de s’exprimer sur ce sujet. Les paroles sont directement inspirées de l’expérience vécue par la conjointe de l’un des musiciens du groupe, qui a traversé une période particulièrement éprouvante marquée par une forte anxiété et la dépression. Nous espérons que cette chanson saura toucher toutes celles et ceux qui vivent avec cette réalité. Qu’elle puisse offrir un espace pour ressentir, pour se reconnaître, et surtout, pour se rappeler qu’ils ne sont pas seuls à affronter leur anxiété, leur combat.


À l’inverse, une chanson comme 'Son sourire' apporte une vraie lumière. Est-ce une volonté de jouer sur les contrastes pour mieux équilibrer l’album ?

Tout à fait ! 'Son sourire' aborde, malgré son apparence douce, un thème extrêmement lourd : la perte d’un enfant. Les paroles sont issues de l’expérience personnelle d’un membre du groupe, qui a traversé cette épreuve déchirante avec sa conjointe. À l’opposé, certaines chansons viennent apporter des contrastes de lumière, de bonheur et de résilience. C’est le cas notamment de 'C’est l’été', 'Cool men', 'Visage de l’ange' et 'Samouraï du temps', qui insufflent une énergie plus légère ou inspirante, tout en restant fidèles à l’authenticité émotionnelle de l’album.


Votre musique sonne très actuelle tout en laissant filtrer des réminiscences rock et chanson francophone. Quelles sont les influences majeures qui vous ont guidés dans ce projet ?

L’esprit musical de l’album consiste à faire ressortir un rock progressif aussi accessible que possible, tout en intégrant subtilement une influence heavy metal mélodique actuelle (Megadeth, In flames, Evergrey, Primal Fear, Almah, Angra). Dans un univers rock souvent dominé par l’anglais, chanter en français peut être vu à la fois comme une force et comme un pari risqué.


Nous avons cherché à nous démarquer de la masse, tout en restant accessibles.


Comment percevez-vous ce choix, et quels échos avez-vous reçus de la part du public hors francophonie ?

Pour l’instant, les retours sont positifs. Les personnes qui découvrent nos morceaux sont souvent surprises, et apprécient notre volonté de proposer quelque chose de différent. Nous avons cherché à nous démarquer de la masse, tout en restant accessibles.


L’univers de Samouraï du temps ne se limite pas à la musique : la pochette, avec son samouraï futuriste, ses éclairs et son logo métallique, renvoie directement à l’esthétique des années 1980. Et au-delà de l’image, le son lui-même a une couleur vintage, brute, qui rappelle l’âge d’or du hard rock français, de Sortilège à Satan Jokers, sans oublier Trust. Était-ce une recherche consciente d’authenticité, comme une volonté de renouer avec cette époque où l’énergie primait sur la sophistication, ou est-ce venu naturellement ?

C’est venu naturellement. Notre intention est de faire revivre un rock francophone, remis au goût du jour, avec une touche subtile d’influence metal actuel.


Votre formation compte six musiciens, dont deux guitaristes. C’est une configuration qui rappelle beaucoup les grandes heures du hard rock des années 1980. Qu’est-ce que cette richesse instrumentale apporte à votre son, et comment gérez-vous cet équilibre à deux guitares ?

Par moments, l’album ne comporte pas seulement deux, mais bien trois guitares. Sur scène, nous sommes également trois guitaristes afin de reproduire fidèlement toutes les parties enregistrées. Cela nous permet d’obtenir un son plus défini, plus précis, et d’apporter davantage de profondeur harmonique.


Vous avez lancé l’album à La Baie, dans votre région. Quelle importance revêt ce lien territorial dans votre identité musicale ?

Le lancement avait avant tout pour objectif de présenter nos chansons à nos parents, amis, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont participé à la réalisation de cet album. Il nous tenait à cœur d’effectuer notre première représentation devant nos proches.


L’album bénéficie d’une large diffusion avec plus de cinquante radios canadiennes qui relaient vos morceaux. Quel sentiment cela vous procure-t-il de voir vos chansons voyager autant ?

Notre ambition est d’obtenir une large couverture afin de toucher un maximum de francophones qui aiment ce style musical. À noter également que nos chansons sont disponibles sur toutes les grandes plateformes, non seulement au Canada, mais aussi en France, en Belgique et en Suisse. Elles sont également partagées à plusieurs stations de radio dans les mêmes endroits. Plusieurs stations au Québec en France diffusent déjà certaines de nos pièces. Nous en sommes très fiers et reconnaissants.


Avec un peu plus d’une heure de musique, "Samouraï du temps" prend le temps de s’installer. Aviez-vous cette ambition dès le départ ou est-ce le flux d’écriture qui a imposé cette durée ?

C’est l’inspiration qui a été la clé. Nous n’avions aucun objectif précis concernant la durée ou le nombre de chansons lors de la création de l’album. Nous avons simplement sélectionné les morceaux de notre répertoire qui s’inscrivent dans le concept de l’histoire racontée tout au long de l’album.


Parmi les quatorze titres, lequel incarne le mieux Deceny aujourd’hui selon vous, et pourquoi ?

Il est difficile de choisir une seule pièce, mais 'Pris au piège' contient l’essence même de notre style musical et incarne pleinement les émotions profondes que nous voulons faire vibrer chez notre auditoire.

Sur scène, vos morceaux prennent-ils une dimension différente ? Préférez-vous rester fidèles aux versions studio ou aimez-vous les réinventer en live ?

Sur scène, les chansons prennent une dimension plus lourde et plus rock. Elles sont conçues pour frapper avec la puissance d’une tonne de briques sur scène. Nous rêvons de faire vivre à notre auditoire un rock actuel, poignant, pesant et chargé d’émotions.


Enfin, si vous deviez résumer Samouraï du temps en une phrase pour convaincre quelqu’un de le découvrir, laquelle choisiriez-vous ?

C’est l’histoire de votre vie, vos combats, vos blessures, votre courage et votre résilience qui vous guideront vers le bonheur et l’accomplissement, tel un samuraï invincible traversant le temps.