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Après un premier album très riche, comportant de très bonnes chansons hyper arrangées mais sans réelle direction, après un deuxième, brut et glacial, comportant son nombre de perles, mais très hétéroclite lui aussi, on pouvait se demander en toute honnêteté si le troisième serait, lui aussi, davantage un recueil de chansons qu'un album à proprement parler.
La réponse est non. Peter Gabriel signe ici un album cohérent de bout en bout du point de vue du son.
Les arrangements sont très riches, avec une place très importante accordée aux claviers et aux percussions.
Le travail de la basse est énorme, les guitares souvent en contre-point, et quelques instruments additionnels viennent donner des couleurs supplémentaires.
Et artistiquement, que dire ?
Là aussi, il y a une unité: unité, selon moi, dans la volonté de déranger l'auditeur !
De le brutaliser par des sons bizarres, des dissonances, et ce, avec n'importe lequel des instruments ou même de la voix !
Et les arrangements, touffus souvent, avec de nombreux enchevêtrements improbables, et minimalistes parfois, contribuent pleinement à ce résultat.
Chaque morceau contient, à minima, une bizarrerie musicale, même Biko !
Avec une voix pareille, et d'aussi bons musiciens, d'autres chercheraient la beauté absolue !
Hé bien, on n'est pas dans ce trip là, pas du tout !
Et pour les paroles, même chose, ça décape !
Oui, ça décape vraiment fort !
Ironie, cruauté, brutalité ... (tiens, tiens, tiens, je me souviens d'un groupe de rock progressif des années soixante-dix dont les paroles étaient souvent des sortes de contes incluant ce genre de chose !) mais là ce ne sont pas des contes, c'est réel !
Vous l'avez compris, si vous voulez la paix, la douceur, planer dans un état second, ne posez pas le disque sur votre platine ou dans le lecteur !
Si par contre, vous avez envie de vous faire bousculer, si vous êtes prêt à l'aventure, à la découverte, régalez-vous !
Parce qu'il n'y a aucun moment faible dans cet album.
Chaque morceau est une perle. Oh mon Dieu, ce "Family Snapshot" !
Et nombre de moments sont de toute beauté, même s'ils sont inclus dans des chansons dures.
Je ne suis pas un intime de Peter Gabriel !
J'étais encore un gamin lorsque cet album est sorti !
Je ne sais pas si ce que je raconte est un parti pris de l'artiste.
C'est uniquement ce que je ressens.
Alors même si le son est souvent froid, clinique, ou peut-être en partie à cause de ça, cet album dispense énormément d'émotions (des larmes aux rires).
Selon moi, c'est son album le plus abouti, le plus dense, le seul où il n'y aucun morceau faible, le seul qui soit aussi homogène.
Pas le plus beau, c'est certain.
Mais le meilleur ... peut-être bien !
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Avis aux passionnés de musique… 1980, nouveau chef-d’œuvre de l’archange.
Peter n’a pas encore achevé sa quadrilogie, mais avec le 3ème album solo, il pose déjà le pont, en effet, qui fera évoluer sa musique de la période seventies à la période moderne. La production sonore entre dans la nouvelle ère, sans dénaturer pour autant la complexité et l’ésotérisme de la composition. Le xylophone fait son apparition, avec une expressivité percutante - et si on se penche un tout petit peu sur l’instrumentation des deux albums précédents, on réalise à quel point la prouesse est grande. La précision des ponctuations et des arrangements, impitoyable. La partition vocale explore les registres rampants, occultes, avec plus de subtilité encore qu’auparavant. Et on obtient un résultat extraordinaire. Il est impossible de mettre des mots sur toute la richesse de cet album, je me contente d’en souligner quelques traits. Comme l’emprise underground et obnubilante de 'Intruder', qui sera encore rééditée par Peter, des années après, avec 'Darkness'. La mise en musique d’une angoisse insoutenable, avec 'No Self-Control'. Le rayon de lumière cuivrée qui s’ensuit, aussi bref que saisissant, émis par 'Start'. L’inconcevable conciliation de la libération spirituelle et de l’aliénation, avec la déclaration rock et fracassante de 'I Don’t Remember'. Lorsqu’on perd la mémoire, on perd son identité ; et en même temps, on se libère de tout. Il faut découvrir la manière dont la musique et la rythmique accompagnent les paroles, pour avoir une idée du génie gabrielien. Et puis, en évoquant les paroles, il y a peut-être ici le plus beau titre jamais écrit par le maître, j’ai nommé 'Family Snapshot'. L’osmose entre l’histoire et la musique est totale, l’interprétation de Peter déchirante, la mise en scène de l’action, tout simplement hallucinante. Les images mentales défilent au fur et à mesure que le compteur tourne, jusqu’au tombé de rideau, au bout de 4min 30s à peine, sur ce drame d’un enfant sans parent qui vient de s’imaginer en sniper, pour la seule perspective d’exister, d’être reconnu. Une sensibilité et une puissance d’écriture sans égales, pour un morceau qui fait le tour de la question en un temps record.
Le vocal inimitable de Peter déroule à lui seul le fil rouge de la cohérence narrative, du début jusqu’à la fin du disque. Mais ce n’est pas cette homogénéité, sans faiblesse véritable en dépit des variations de styles, qui frappe le plus avec les albums de la quadrilogie. Ce qui décape, c’est l’aptitude de l’artiste à écrire des chansons qui sont presque autant de concepts sociaux, psychologiques ou philosophiques. Et quelle force dans ces concepts. Peter Gabriel fait de la musique qui va au-delà de la musique. Très peu d’artistes y parviennent.
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Est-il encore nécessaire de présenter mon intérêt pour Peter Gabriel? Cet album est tout simplement génial. Il surpasse de loin ces prédécesseurs et rivalise nettement avec "So".
Un petit faible pour "Games Without Frontiers", avec la voix éclatante de Kate ainsi que pour Biko...
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