ARTISTE:

STEVEN WILSON

(ROYAUME UNI)
TITRE:

TO THE BONE

(2017)
LABEL:

AUTRE LABEL

GENRE:

ROCK PROGRESSIF

TAGS:
FM
"Succédant à "Hand.Cannot.Erase", "To The Bone" rend un hommage appuyé à la pop avec une touche progressive, un exercice de style dont Steven Wilson, l'alchimiste de la musique, se sort haut la main. Un incontournable."
CALGEPO (27.12.2017)  
5/5
(7) Avis des lecteurs (0) commentaire(s)

Deux ans à peine après "Hand.Cannot.Erase", Steven Wilson sort son cinquième album intitulé "To The Bone" (si l'on considère "4 1/2" comme un EP). Après s'être approprié dans chacun de ses albums des styles différents tout en y mettant sa patine (la cold et la dark wave puissante avec "Insurgentes", le free jazz crimsonien avec "Grace For Drowning", le rock progressif servant de base à des histoires de fantômes dans "The Raven That Refuse To Sing", l’urbain et le rock dans "Hand Cannot Erase"), c’est à la pop que l’alchimiste de la musique s’attaque. Il est intéressant de voir comment évolue la carrière solo de Steven Wilson d’une musique dont il lui a été reprochée parfois d’être trop élitiste des premiers albums vers un style peut être plus immédiat, voire plus accessible, y compris pour les non-initiés, laissant transparaître le souci d'allier la recherche d'une reconnaissance plus grande de la part du public tout en gardant sa personnalité.

Ce qui frappe à l’écoute de ce nouvel album c’est la manière dont l'artiste va rendre sa musique plus limpide tout en ayant constamment à l'esprit d’y apposer sa marque de fabrique sans concession. Dans les faits, la pop n’a jamais quitté le Britannique y compris lorsque Porcupine Tree était en activité ("Lightbulb Sun", "Stupid Dream") et dans sa carrière solo ('Postcard', 'Hand.Cannot.Erase', 'Perfect Life', 'Happy Returns', 'Happiness III'). Le mot en lui-même  est souvent  péjoratif et parfois trop vite réduit à une musique purement commerciale. Pour appréhender au mieux ce nouvel album, il faut se garder de cette appréciation réductrice qu’elle ne mérite pas, surtout lorsque Steven Wilson s’y attarde quitte à se mettre à dos quelques amateurs pur et dur du rock progressif.

Entouré de la même équipe qui l’a accompagné pendant la deuxième partie de sa tournée (Adam Holzam, Nick Beggs, Dave Kilminster, Craig Blundell, Ninet Tayeb), Steven Wilson a fait appel à d’autres musiciens (David Kollar à la guitare, Jeremy Stacey - Ryan Adams, Noel Gallagher, Chris Squire... - à la batterie) afin d’enregistrer ce nouvel album. Selon les déclarations accompagnant la sortie de "To The Bone", Steven s’inspire d’albums qui ont bercé son adolescence. Ainsi ‘Permanating', le titre purement pop de l’album, est porté par un refrain que n’aurait pas renié Tears For Fears avec une petite touche Beatles, le duo ‘Pariah’ se fait écho à celui composé de Peter Gabriel et Kate Bush de ‘Don’t Give Up’ en moins désespéré, ‘Refuge’ au titre révélateur possède une construction qui rappelle l’album "Up" de Peter Gabriel, tout en tension, ‘Song Of I’ rend hommage à Prince avec sa basse à la ‘Sign of Time'.

Loin de se contenter de puiser dans ces inspirations, dans ce nouvel album le Britannique apporte à chaque titre d'apparence simple son lot de passages qui le distingue de la pop standard, ainsi qu'une touche progressive. Il déstructure chaque titre avec quelques breaks dont il a le secret comme dans 'To The Bone' à l'ouverture floydienne soulignée par l'harmonica de Mark Feltham,  ‘The Same Asylum As Before’ où les riffs de guitare s’enflamment de façon épileptique, ou ceux de 'People Who Eat Darkness' qui rappelleront de bons souvenirs aux nostalgiques du Porcupine en hibernation. L'aspect progressif semble également trouver sa source dans l'agencement de "To The Bone". Plus l’album évolue plus les chansons se densifient, demandant plus d'attention jusqu’à l’apogée de ‘Detonation’ à la rythmique redoutable dans sa seconde moitié, complétée par les percussions de Pete Eckford rappelant les interventions de Ray Cooper (Eric Clapton, Elton John....).

Prenant le risque de se mettre à dos certains de ses fans qui l'attendent sur un genre particulier mais, en contre-partie, faisant le pari d’en gagner de nouveaux, "To The Bone" jouit d’une production lumineuse faisant la part belle à la batterie, à la basse et aux percussions. Les solos de guitare se font moins présents que sur "Hand.Cannot.Erase", mais tout aussi efficaces, se fondant complètement dans ce nouveau projet. Steven Wilson aurait-il trouvé la pierre philosophale qui transformerait chaque projet en or ? Encore une fois il fait preuve d'une qualité constante d'écriture et d'interprétation. Certains crieront au génie. S'il est encore trop tôt pour situer cet album dans la hiérarchie, il n'en demeure pas moins qu'il fait un beau successeur à "Hand.Cannot.Erase" et constitue un album pop progressive de haute facture.


Plus d'information sur https://stevenwilsonhq.com





LISTE DES PISTES:
01. To The Bone
02. Nowhere Now
03. Pariah
04. The Same Asylum As Before
05. Refuge
06. Permanating
07. Blank Tapes
08. People Who Eat Darkness
09. Song Of I
10. Detonation
11. Song Of Unborn

FORMATION:
Adam Holzman: Claviers
Craig Blundell: Batterie
Steven Wilson: Chant / Guitares / Claviers
David Kollar: Guitares / Invité
Jeremy Stacey: Batterie / Invité
Mark Feltham: Invité / Harmonica
Ninet Tayeb: Chant / Invité
Pete Eckford: Invité / Percussion
Sophie Hunger: Chant / Invité
   
(7) AVIS DES LECTEURS    
GHOSTKNIGHT
05/12/2023
15
  0 2  
5/5
Je suis d'accord avec l'ensemble des critiques présentes, à l'exception de celle de @THIBAUTK (il est libre de ne pas aimer, mais sa prose me semble plus que vide). L'album de Wilson est excellent, comme souvent ses créations aussi bien en solo qu'avec Porcupine Tree. Les chansons Permanating, Pariah ou Refuge, sont excellentes et pleines de subtiles émotions. Je ne pense donc pas que Steven Wilson soient prêt de tomber de son piédestal, surtout à l'écoute des albums qui ont suivi et qui montre qu'il sait parfaitement se renouveler.
THIBAUTK
08/01/2018
  0 0  
2/5
Alors que petit à petit Steve Wilson étend son influence musicale sur toute la scène prog' et aplanit ce style tentaculaire; alors qu'une armée d’aveugles le hisse au rang de dieu, et adule tout ce que l’homme touche; alors que le monde s'extasie devant ses moindres productions et qu'il loue son virage (raté) pop... alors que la majorité lui donnerait le bon dieu sans confession, d'autres irréductibles ou plus réservés, s'interrogent non pas sur tel ou tel virage stylistique (peu importe au final l’enveloppe), mais plutôt sur la qualité du virage.

N’hésitons pas à l’affirmer : cette nouvelle production est assez mauvaise, comme si au fil du temps l’homme perdait ses qualités de compositeur. En effet, une fois passée la nouveauté du style et les références aux maîtres, l'album sonne creux et sans inspiration. Et c’est justement à cause de ces nombreuses références, et d’un jeu de guitare minimaliste, que l’album est en au final une mauvaise ré-interpretation des standards populaires.

Dès lors on se moque royalement qu'il fasse de la pop, on souhaite seulement des chansons bouleversantes, un point c'est tout ! Or, autant Marillion est passé maître dans l'art de la pop aventureuse, autant Wilson est passé bien à côté de sa pop non progressive: la musique dispensée n'a rien de progressif, alors arrêtons de lui coller ce substantif. ‘To The Bone’ étale une musique molle, linéaire, prévisible, basique et creuse, bref sans la luminosité des illustres anglais, qui ont donné ses lettres de noblesse à la musique populaire.

Alors pourquoi tout le monde s'extasie devant ‘Permanating’, ‘Pariah’ ou ‘Refuge’: de la pop du pauvre. Dès lors, ceux qui aiment la pop doivent se retourner et pester partout où ils sont, alors que d'autres moins coutumiers du style, découvrent comme un nouvel eldorado sa récupération des idées des années soixante-dix.

Voilà donc une bonne soupe populaire, bien loin des hymnes de la pop culture ou du Londres des années soixante, lorsque la musique sortait des tripes. Car Steve n'est pas Bryan, qui plus est, n'est pas Bryan Wilson, Syd Barett ou Martin Gore qui veut. Alors, sa "sainteté" qui se prend pour dieu, ne pourra jamais l'égaler et risque fort de tomber de tomber de son piédestal.

Allez je vais m'écouter un bon Mylene Farmer, un petit Moody Blues ou encore un Supertramp voir un Muse ou un Marillion, bref des amoureux de la pop, qui la magnifient sans la caricaturer, et qui nous offrent par la même occasion quelques mélodies intemporelles.

TOPPROG
02/10/2017
360
  0 0  
5/5
Héritier des seventies et eighties, Steven Wilson ne s'est jamais caché de vouloir faire un morceau de "Four chords that made a million"! Le titre "Hand cannot erase" du précédent album éponyme louchait déjà bien vers ce format pop, disons plus accessible que "raider 2" et ses 23 minutes...qui, c'est mon avis, sont plus intéressantes sur scène que sur disque.
Et l'homme étonne quand même et toujours par son talent! On ne peut pas vraiment parler de rupture musicale ici mais bien de l'exploitation de tout ce qu'a fait SW depuis qu'il enregistre. A l'écoute de ce disque j'ai des réminiscences de "Signify", aussi bien que "The incident". La patte SW est reconnaissable dans cet œuvre épurée de longueurs parfois languissantes de certains opus précédents. Et comme il le dit, faire un format de 4 minutes c'est parfois plus difficile que de faire un "epic" de 30 minutes. Probablement... Et à l 'écoute de ce disque je ne me sens aucunement frustré lorsque les morceaux s'arrêtent. On a 11 titres bien différenciés et qui se délectent avec plaisir. Si c'est de la pop, c'est de la pop de qualité! On n'est pas chez Robbie Williams quand même! Bien sûr "Permanating" n'est pas un chef d'œuvre de pop, ni de musique tout court. Mais pour une fois dans sa carrière qu'il nous fait un truc presque joyeux, on ne peut pas lui en vouloir. Et suivi d'une perle de délicatesse comme "Blank tapes"....admiration! SW fait un rock qui cogne parfois fort même si il a abandonné le côté "metal" qui caractérisait les derniers opus de Porcupine Tree. Les guitares, omniprésentes, sont crunchées, overdrivées mais jamais lourdes. Et ça envoie très bien comme "People who eat darkness" avec son riff d'enfer. Et si on tend bien l'oreille les références crimsoniennes et floydiennes sont bien présentes aussi. Plus de saxo de Theo Travis mais un bel harmonica, je dirais même étonnamment foudroyant sur le magnifique "Refuge". De belles voix féminines aussi avec en particulier Nineth Tayeb. Les claviers sont toujours magnifiques, je regrette un peu la basse tonitruante de Nick Beggs qu'il va quand même emmener en tournée, ouf!! Enfin, il sait nous concocter des soli de guitares intéressants, pas de frustration sur ce point non plus.
SW nous offre un paysage musical pas si nouveau que cela finalement. C'est sa logique musicale en 2017 qui en vaut bien d'autres. A 50 ans on ne peut pas lui reprocher de vouloir accroitre son public. N'est ce pas le but de tout musicien? Pour moi il n'y a pas de compromission quelle que soit l'éventuel succès "grand public" de ce disque (sur le succès en France, malgré Nagui et RTL..j'ai des doutes!).

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