Après 46 ans de bons et loyaux services et 23 albums studios auxquels il faut ajouter 9 live, Dan Mc Cafferty devait abandonner ses camarades de Nazareth pour des raisons de santé. C’est tout d’abord Linton Osborne qui remplaça le chanteur historique et légendaire en 2014, le temps de quelques concerts. Finalement, c’est Carl Sentance (ex Persian Risk) qui se vit confier le poste à partir de 2016 et qui officie sur ce 24ème opus des Ecossais. En 1999, Sentance avait déjà remplacé un frontman légendaire en la personne de Marc Storace (Krokus) et l’expérience avait vite tourné court ("Round 13"). Il reste donc à espérer qu’un tel naufrage ne se répétera pas avec le gang des frères Agnew.
Tout le monde sera vite rassuré à l’écoute de "Tattooed On My Brain" qui, s’il n’atteindra pas le niveau des références de la discographie de Nazareth ("Razamanaz", "Hair Of The Dog", etc…), pourra tout de même prétendre à une place juste à l’ombre de ces sommets. ‘Never Dance With The Devil’ ouvre les hostilités avec un gros riff purpleien et des claviers sortis tout droit des années 70. Le titre éponyme enfonce le clou en se faisant fun et accrocheur avec un refrain imparable et une énergie qui semble destiner ce single à devenir un futur incontournable du groupe. La dynamique de ce titre rappelle un peu celle de ‘Hair Of The Dog’ et Carl Sentance confirme qu’il n’est pas là pour faire de la figuration. Comme les compositions se révèlent variées et efficaces, que Jimmy Murrison multiplie les soli et les riffs incendiaires et que les frères Agnew représentent une section rythmique toujours dynamique et sans faille, tout est en place pour faire de ce "Tattooed On My Brain" un bien bel opus pour tous les amateurs de hard rock à la fois traditionnel et varié.
On y retrouve des boogie-rock enflammés (‘State Of Emergency’, ‘Pole To Pole’), des titres plus bluesy se faisant parfois reptiliens (‘Push’) ou proposant de bons gros riffs naviguant entre AC/DC et Led Zeppelin (‘The Secret Is Out’) et même des clins d’œil au southern rock avec des touches country-folk (‘Rubik’s Romance’). Dommage qu’un léger ventre mou apparaisse en milieu d’album avec des titres plus dispensables sans être réellement faibles (‘Don’t Throw Your Love Away’ et ‘Crazy Molly’), d’autant que la suite repart sur les chapeaux de roue avec un nouveau titre très purpleien (‘Silent Symphony’) aux chœurs virils et au gros riff hyper efficace et un ‘Change’ alternant les couplets folks et les refrains explosifs. ‘You Call Me’ vient conclure l’ensemble dans une ambiance troublée par les brumes de chaleur au milieu desquelles règne le chant tout en nuance d’un Carl Sentance s’épanouissant totalement dans son nouvel environnement.
Transition réussie pour le monument du hard écossais avec un changement de chanteur convaincant et rassurant et une belle ribambelle de titres aussi efficaces qu’accrocheurs et variés. Nazareth vient à son tour prouver qu’il faut encore compter avec les dinosaures du genre qui se succèdent pour nous offrir des opus qui viennent rappeler à la nouvelle génération que leurs aînés sont toujours là et qu’ils ont encore valeur d’exemple. Voilà encore des cervicales et des chevilles qui vont être sollicitées et bon sang que c’est bon.