Six ans après la sortie d'un "Villains" qui avait vu le groupe confirmer son évolution vers une pop dure (décriée par les gardiens du temple stoner), Queens Of The Stone Age fait son grand retour avec un nouvel album, "In Times New Roman".
Chaque nouvel album des Reines de l'Age de Pierre est impossible à anticiper : quel style ? retour aux sources ou évolution ? qui sera de l'aventure ? Le seul facteur connu est la présence de Josh Homme, figure de proue inébranlable et unique chanteur. Alors que le précédent opus avait été produit par Mark Ronson (une hérésie selon certains), Josh Homme et ses cro-magnonnes ont repris les commandes de la production. Ici pas d'invités prestigieux, nous nous concentrons sur les cinq Queens Of The Stone Age qui composent un line-up identique à celui du précédent album. Une façon de renouer avec son destin stoner en ne s'éparpillant pas à tous les vents ? Les premières minutes semblent le confirmer.
Si l'album s'inscrit dans la lignée de son prédécesseur, le groupe remet en avant les guitares sales et saturées faisant la synthèse de la dernière évolution électro/pop/rock (qui n'était en rien une régression) et de l'héritage sacré, l'ADN stoner. Le jubilatoire 'Made To Parade' est un nouvel hymne du genre énervé, qui se termine avec un lumineux solo de guitare saturée. 'Sicily', avec sa basse lugubre et son ambiance glauque, nous prouve que le groupe est capable de réécrire sa propre histoire sans se répéter. Josh Homme a souvent été décrié pour des raisons extra-musicales mais
celui qui est depuis "Era Vulgaris" l'unique chanteur du groupe sait
user de sa voix comme un sortilège pour les oreilles, tour à tour
enchanteur et nerveux (il n'est toutefois pas dépourvu de certains
gimmicks agaçants comme l'usage de la voix de tête sur 'What The
Peephole Say').
Nous sommes également conviés dans le laboratoire d'un sorcier mélomane avec 'Carnavoyeur' sur lequel on croise des guitares gorgées de fuzz, une batterie martiale, des claviers extra-terrestres et des violons, et croyez-le ou non, l'ensemble copieux est très digeste ! En conclusion d'album, le chaotique 'Straight Jacket Fitting', bien qu'un peu long, nous laisse une surprise rafraîchissante pour les dernières minutes. Sur cet album, nous restons toutefois en deçà de la violence, de la folie et de l'agressivité de "Rated R" ou encore "Songs For The Deaf", mais la grandeur de Queens Of The Stone Age est de n'avoir jamais été là où on les attendait et d'avoir systématiquement refusé d'enregistrer deux fois le même album. En revanche, cet album perd un peu de l'immédiateté accrocheuse de "Villains" et nécessite plusieurs écoutes pour être apprécié.
Huitième album de Queens Of The Stone Age, "In Times New Roman" remet en avant ses racines stoner sur le son pop-rock-électro que le groupe avait commencé à mettre en avant depuis "Era Vulgaris". Un album réussi pour un groupe qui s'est ouvert de nouvelles perspectives, quitte à se mettre à dos tous ses fans. Et si en s'ouvrant à un spectre plus large, Josh Homme et son gang souhaitait guider le plus grand nombre vers chemins désertiques du stoner ? Histoire à suivre... mais pour l'heure vive les Queens !