ZHORHANN: Ainsi Parlait Hominina (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Zhorhann est le projet de Mathieu Torres bien connu de la sphère rock toulousaine mais aussi au-delà des faubourgs de la ville rose. Le choix du nom de ce projet n'est pas anodin. Il est en lien avec l'œuvre de René Barjavel "La Nuit des Temps" parue en 1968 et tire son origine de l'équation de Zoran, source de l'énergie universelle selon le roman. L'album est une sorte de bande originale d'un personnage nommé Sapiens qui contemple et étudie son apparence, ses attitudes, sa complexité, ses qualités, ses défauts... Une sorte d'introspection sur sa propre existence.

Seule la musique sera "son" guide et donc celui de l'auditeur qui sera confronté à sa propre introspection. C'est donc sous le genre progressif, dans le sens le plus noble, c'est-à-dire libre de tout code, que se déroule cette séance de repli sur soi-même. Piochant dans une multitude de genres - jazz, rock, math rock, metal, cartoon, grunge - l'album est une ode à la complexité sans pour autant se perdre dans des circonvolutions stériles. Le talent de Zhorhann est de proposer des riffs sur lesquels s'accrocher pour mieux se maintenir à la surface (la ligne de guitare de 'Les Filleuls Ancestraux -Partie 1 et 2'). On tutoie ici la substantifique moelle du progressif qui brise toutes les cloisons un peu comme l'ont fait à l'époque King Crimson, Zappa, Magma et de manière plus contemporaine Steven Wilson ou Pain Of Salvation dans "Be" notamment.

L'album nécessite incontestablement un effort pour être apprivoisé, conservant néanmoins son côté sauvage en raison de sa grande densité. Le rapport à la musique des années 1970 repose aussi dans cet effort qui définit souvent de grands albums. Les breaks sont légion, passant de moments hyper dynamiques à des passages plus éthérés ('Egoduc') voire des instants mélodiques un peu plus simples ('Sweet Acid') qui permettent d'apporter une sorte d'oxygénation dans cette plongée dans notre propre âme. La fusion est le maître mot de cet album et celle des trois musiciens est impressionnante de maîtrise technique. Si l'album peut paraître hermétique, on ne saurait trop vous conseiller de persévérer car il recèle des passages barrés comme le jazz manouche surprenant de l'introduction de la première partie de 'Les Filleuls Ancestraux'.

"Ainsi Parlait Hominina" est un album d'une grande richesse, avec beaucoup de reliefs, libre, n'obéissant à aucun code, ce qui le rend difficile à appréhender. Si l'aspect trop cérébral par son sujet et sa forme peut rebuter, il sait se faire docile à certains moments. Il ne faut pas passer à côté de ce disque conseillé à tous les amateurs de musique expérimentale à la fois technique et profondément humaine.

ZHORHANN

AINSI PARLAIT HOMININA

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