JIM PETERIK & WORLD STAGE: Roots & Shoots Vol. 1 (A.O.R.) : avis / chronique à lire sur Music Waves

S’il enchaîne les productions comme des perles malgré ses 73 ans, Jim Peterik le fait toujours avec une marque de fabrique très appuyée. Certes, la patte est identifiable et le talent est incontestable, mais en dehors du dernier opus de Pride Of Lions ("Dream Higher"), l’intérêt de se pencher sur chacune de ses parutions est devenu très relatif. En ce début d’année 2024, c’est avec son World Stage que le mythique cofondateur de Survivor est de retour. Intitulé "Roots & Shoots – Vol.1", ce nouvel album réunit des légendes du rock mélodique (les Roots) et de nouveaux talents prometteurs (les Shoots) et comme son nom l’indique, il est le premier volume de ce qui devrait être une œuvre en deux parties.

Du côté des classiques, nous retrouvons des habitués des lieux avec Kevin Cronin (REO Speedwagon) et Don Barnes (38 Special). Et de classique, il est bien question avec les titres interprétés. 'Dangerous Combination' et 'Last Dream Home' œuvrent dans un AOR US tout aussi agréable que prévisible. Ce sont pourtant elles qui s’en sortent le mieux pour les pièces mettant en vedette les grands anciens. En effet, bien que déployant une lourdeur et une obscurité qui auraient dû en faire un sommet de cet opus, ‘Mend Fences’ met plutôt en lumière les difficultés des deux chanteurs pour pousser leurs organes vocaux. Que cela soit Jim Peterik ou Kelly Keagy (Night Ranger), leur souffrance fait peine à entendre. Quant à ‘Friends Forever’, exécuté avec Mark Farner (Grand Funk Railroad), il fait preuve d’une niaiserie déconcertante.

La mission incombe alors aux jeunes pousses de rattraper le coup et d’en profiter pour investir les lieux à la place de leurs idoles vieillissantes. S’ils remplissent cette mission sans trop de difficultés, il n’y a pas là non plus de quoi s’enthousiasmer : les compositions du maître des lieux restent prévisibles et d’un grand classicisme. Sur des eaux Wescoast, la douceur règne et les articulations ne sont pas mises en danger. Nous noterons néanmoins la superbe interprétation d’Ashton Brooke Gill, ex-candidate d’American Idol, sur la ballade ‘As I Am’ aux accents country et gospel. Le duo formé par Lisa McClowry et Mike Mikulskis s’en sort également avec les honneurs sur l’élégante power-ballad ‘Fire & Water’.

S’il ne dérangera pas vos invités en tant que fond sonore lors d’un apéritif entre amis, ce "Roots & Shoots – Vol.1" pourrait ressembler au chant du cygne pour un Jim Peterik qui peine désespérément à se renouveler et à proposer de nouvelles productions ayant un réel intérêt. Sombrant dans un hyper classicisme, il se pourrait que cet opus aux effluves de naphtaline soit celui de trop pour un artiste qui a pourtant tant œuvré pour un genre musical dont il a contribué à poser les bases tout au long d’une carrière monumentale. Le volume 2 de ce double album est donc attendu avec un sentiment hésitant entre l’espoir d’un sauvetage inattendu et la peur d’un naufrage définitif.

JIM PETERIK & WORLD STAGE

ROOTS & SHOOTS VOL. 1

FRONTIERS RECORDS

A.O.R.