GADI CAPLAN: Play It Again (JAZZ) : avis / chronique à lire sur Music Waves

En quatre albums publiés entre 2010 et 2016, Gadi Caplan nous avait ravi par sa formule jazz-rock mâtinée de prog. Le guitariste israélien, américain d'adoption, avait ensuite disparu des radars. Quelle surprise de le voir revenir en 2025 pour offrir enfin un successeur à "Morning Sun" avec un nouvel opus au titre en forme de profession de foi : "Play It Again".

La pochette révèle une vue aérienne du parcours sinueux d'un fleuve et d'un de ses affluents, une manière d'indiquer que le voyage ne sera pas de tout repos et que plusieurs influences musicales viendront fusionner. L'album débute sur 'Get Out The Door' sur lequel la guitare virevolte en saluant Carlos Santana, la batterie impose un rythme quasi martial, la voix se fait complice et l'esprit est immanquablement sud-américain avant que la poudre ne vienne parler. Sophistiquement prog mais tout de suite accessible, ce morceau prouve que Gadi Caplan n'a pas chômé pendant toutes ces années.

À l'exception du trompettiste Jesse Gottlieb et du chanteur Danny Abowd (appelez le désormais Danny James !), Gadi Caplan a réuni autour de lui une toute nouvelle formation. L'apport du violon, du violoncelle, de la trompette ou du saxophone offre une richesse sonore à ses compositions, d'autant que chacun des protagonistes ne se contente pas d'accompagner le jeu plein de dextérité du guitariste mais occupe le devant de la scène (citons l'échappée en solitaire du saxophone sur 'Infinite Love'). Une musique tantôt jazzy, tantôt funk, mais aussi rock, folk, prog... Gadi Caplan a ici réussi le tour de force de récupérer toutes les cartes sonores et de les redistribuer avec autant de parcimonie que de sensibilité. Néanmoins, l'esprit apparaît un peu moins aventureux que naguère et certaines directions sonores auraient mérité une exploration plus détaillée.

À l'origine instrumental, le projet de Gadi Caplan a intégré petit à petit une voix. Celle de Danny James se rapproche au plus près comme pour confier quelques secrets et partager des humeurs mélancoliques. Les mélodies enchanteresses de 'White', 'The Devil's Waltz' gorgé de chagrin, la proximité intimiste de 'Play It Again' qui finit noyé sous les larsens de guitare, tout est fait pour enchanter (même si l'ultime piste 'Photographs' est quelque peu monotone). Néanmoins, c'est toujours un esprit instrumental qui domine sur l'album ('On The Way', 'Under The Sun', 'Passage', 'Memory', qui raviront les amateurs de guitare). Et c'est surtout avec 'Evoke', qui transporte dans un voyage exotique au cœur d'un désert tempétueux du Moyen-Orient, que Gadi Caplan révèle toute sa sensibilité progressive en tutoyant Andy Latimer (Camel).

Retour gagnant pour Gadi Caplan sur le devant de la scène. Avec "Play It Again", le musicien israélien nous propose un voyage tantôt mouvementé tantôt plus tranquille dans lequel se marient avec bonheur de nombreuses influences grâce à l'apport d'une panoplie d'instruments et d'une remarquable guitare. Espérons que Gadi Caplan et ses complices retrouveront très bientôt le chemin des studios et n'attendront pas neuf ans avant de nous offrir un nouvel aperçu de leurs talents.

GADI CAPLAN

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