SEVEN STEPS TO THE GREEN DOOR: The?truth (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Quinze années auront été nécessaires à Seven Steps to the Green Door (SSTTGD) pour boucler sa trilogie “?”. Après un “The?Book” (2011) très stimulant et un “The?Lie” (2019) plus mitigé où l’histoire, très alambiquée, avait pris le dessus sur la musique, l’arrivée de Martin Fankhänel à la guitare et surtout à la composition semble avoir recentré un propos disparate voire sibyllin discourant sur le fanatisme religieux (12 personnages, une durée s’étalant sur 30 ans, télescopage des rêves et de la réalité). “The?Truth” reste fidèle à l’esprit crossover prog (mélange de plusieurs genres) du groupe tout en montrant une cohérence musicale supérieure aux deux précédents volets.

Une cohérence qui tient beaucoup à la reprise de thèmes présents dans les tomes précédents : les premières notes du ‘Prologue’ de “The?Book” sont déclinées tout au long de “The?Lie”, réalisant un fil rouge qui se suit avec plaisir. De même, le thème de ‘A Dream That Stayed’ reprend celui de ‘Heaven’ (“The?Lie”) pour imposer un magnifique final choral.

L’aspect cinématographique des titres est également une réussite : bon nombre des pistes (‘Africa’, ‘Heart on Strings’, ‘Can You Hear My Voice’…) s’écoutent comme on lirait une BD en tournant les pages. Impression renforcée par le refus de linéarité dans la musique de Seven Steps to the Green Door: intercalation de mesures, rythmes complexes, changement de thème… tout en conservant un fil narratif et en proposant des passages étonnamment mélodiques (‘Hearing Voices’, ‘When You Get to See Me’) souvent portés par le piano. Le groupe fait se côtoyer plusieurs genres, convoquant des sonorités jazzy (magnifique Marek Arnold au sax), tutoyant le metal (le turbulent ‘The Arrest’), insérant des plages atmosphériques (la fin d’ ‘Africa’), jouant sur la complémentarité des voix. Seule faute de goût : le chant hurlé de ‘Revelations’, franchement pas terrible (c’était déjà le cas dans “The?Book”).

Tout ça ne fait pas de “The?Lie” un album facile à appréhender, mais extrêmement attachant après les premières écoutes. La guitare prend ici une place plus centrale, mieux définie, plus variée : acoustique (‘Hallucinations’), wah-wah (‘Africa’), carrément shred (‘Hearts on Strings’) ou en solo plus classique (‘When You Get to See Me’). L’aspect multi-chanteurs évoque Ayreon, mais d’autres réminiscences plus inattendues se font sentir : l’alliance de la basse fretless et du sax (‘Alpha & Omega III’) évoque l’excellent ‘Fingertips’ de Camel, on pense à Arena dans l’entame acoustique de ‘Hear My Voice’ (‘Cutting the Cards’ de “Contagion”) ou la fin post-apocalyptique de ‘The Arrest’ (‘Contagious’), et la prise en main du solo terminal de ‘A Dream That Stayed’ est typiquement mitchellienne !

Ces influences ne sont pas envahissantes : en conservant son identité propre et en assurant une cohésion sans faille à “The?Truth”, Seven Steps to the Green Door réalise son meilleur disque à ce jour. Il semble avoir trouvé sa (?)Vérité.

SEVEN STEPS TO THE GREEN DOOR

THE?TRUTH

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ROCK PROGRESSIF