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"Alice Cooper rallume les projecteurs, réunit sa bande d’origine, et livre avec "The Revenge of Alice Cooper" un disque cru, mordant, fidèle à son théâtre de l’étrange. Le rock y est brut, burlesque et toujours vivant"
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4/5
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Comme une affiche de série B restaurée en 4K, "The Revenge of Alice Cooper" débarque avec l’aura d’un film culte ressorti des limbes. Cinquante-deux ans après "Muscle of Love", la bande originale est de retour. Alice Cooper rebranche la machine à frissons avec sa formation d’origine, et tout sent la poussière d’ampli, les rideaux rouges d’un vieux théâtre et le maquillage qui coule dans l’ombre des projecteurs. Ce disque n’a pas été pensé pour suivre une tendance mais pour ressusciter une formule alchimique, un sortilège de rock, d’humour noir et de théâtralité qu’ils sont les seuls à maîtriser.
Dès l’ouverture ‘Black Mamba’, le décor est planté : riffs hargneux, groove reptilien, basse qui grince comme une porte de cave. Le son est cru, sans fioriture, comme s’ils jouaient tous dans la même pièce, les yeux dans les yeux. Pas de surcharge, pas d’effets de manche numériques, seulement l’essentiel : des guitares qui mordent, une rythmique vintage, et Alice qui vocifère avec la malice d’un croque-mort qui aurait survécu à son propre enterrement. Sur ‘Up All Night’, on retrouve ce côté cartoon morbide et électrique, entre horror show et théâtre burlesque. Et lorsque résonnent ‘Kill The Flies’ ou ‘Crap That Gets In The Way Of Your Dreams’, c’est tout un bestiaire de frustrations modernes et de petites morts quotidiennes qui s’invitent dans le spectacle, avec ce sens du titre qui évoque autant la poésie absurde que la critique sociale.
Mais "The Revenge of Alice Cooper" n’est pas qu’une galerie de freaks ressuscités : c’est aussi un disque de groupe. Michael Bruce cisèle ses riffs avec précision, Dennis Dunaway injecte ce groove à la fois élastique et sinueux, et Neal Smith bat comme un cœur malade qui refuse de lâcher prise. Il y a du plaisir dans cette exécution, une joie presque juvénile à rejouer ensemble après tant d’années. Et même Glen Buxton, disparu depuis longtemps, refait une apparition fantomatique sur deux titres, comme une dernière scène poignante avant le générique. Le tout est ponctué par des morceaux plus inattendus, à l’image de ‘Blood On The Sun’, long climax à la fois épique et menaçant, ou encore ‘Inter Galactic Vagabond Blues’, qui sonne comme un clin d’œil cosmique, absurde et jouissif.
Il y a aussi dans cet album une forme de lucidité, une conscience du temps qui passe. Pas d’esbroufe inutile, pas de volonté de faire comme si c’était encore 1972. Le disque accepte ses rides, les transforme en atouts, et se nourrit de cette patine. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort, avec cette efficacité simple qui fait les grands disques rock : pas besoin de tout réinventer quand on sait encore où frapper. Même les titres les plus ironiques comme ‘Famous Face’ ou ‘One Night Stand’ jouent le jeu du miroir brisé : celui d’une époque où le rock n’était pas encore domestiqué. Et derrière la crudité du propos, on sent un groupe qui reste vivant, vibrant, libre.
En titrant "The Revenge of Alice Cooper", le groupe ne cherche pas à solder ses comptes mais à refermer une boucle, à raviver une magie que l’on croyait éteinte. C’est un disque fidèle, habité, pas seulement pour les nostalgiques, mais pour tous ceux qui pensent que le rock peut encore être une mise en scène, un cri, une grimace, un éclat de rire entre deux corbillards. Alice Cooper prouve ici qu’il n’a jamais été un simple chanteur : c’est un conteur macabre, un survivant, un maître de cérémonie. Et ce nouvel acte est l’un des plus savoureux depuis longtemps.
Plus d'information sur
http://www.alicecooper.com/
LISTE DES PISTES:
01. Black Mamba 02. Wild Ones 03. Up All Night 04. Kill The Flies 05. One Night Stand 06. Blood On The Sun 07. Crap That Gets In The Way Of Your Dreams 08. Famous Face 09. Money Screams 10. What A Syd 11. Inter Galactic Vagabond Blues 12. What Happened To You 13. I Ain’t Done Wrong 14. See You On The Other Side
FORMATION:
Alice Cooper : Chant Dennis Dunaway: Basse Glen Buxton: Guitares Michael Bruce: Guitares Neal Smith : Batterie
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(1) AVIS DES LECTEURS
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La réunion de la formation d’origine d’Alice Cooper ne peut qu’interpeller tous ceux qui ont frémi à l’écoute de ses premiers albums. Ceux-ci dégageaient une musique noire et malsaine faisant douter de l’équilibre mental de ses interprètes mais cette folie, feinte ou réelle, faisait toute la force et tout le charme d’albums comme "Love it to Death" ou "Killer". Quand Alice Cooper est passé du statut de groupe à celui de chanteur avec le remarquable "Welcome to my Nightmare", la folie a cédé la place à une inspiration grand-guignolesque plus maîtrisée et commerciale. Au niveau peur, on est passé d’une nuit dans le château de Dracula à un tour de train-fantôme.
Mon attente était donc grande dans cette "revanche", aussi grande que ma crainte de n’assister qu’à un coup de marketing pour booster les ventes d’une star vieillissante. Si l’album n’a pas retrouvé la magie des premiers temps (je n’y croyais pas vraiment), il a la décence d’éviter le racolage commercial. Il plonge l’auditeur dans une douce nostalgie au son de mélodies hard rock bien balancées fleurant bon les années 70 (la meilleure décennie musicale en ce qui me concerne). Rien de neuf ni d’innovant, juste une musique qui donne envie de danser et où l’on se sent bien. À ce titre, ‘Inter Galactic Vagabond Blues’ et ‘What Happened to You’ feront perdre leur bedaine et repousser les cheveux de nombre d’entre nous qui se reverront adolescents entraîner une fille dans un rock endiablé, à une époque ou un garçon pouvait inviter une fille à danser (et même se risquer à essayer de l’embrasser) sans crainte d’être balancé sur #metoo. Nostalgie, quand tu nous tiens…
Deux titres réussissent néanmoins à retrouver un peu de la noirceur des débuts, ‘Black Mamba’ et ‘One Night Stand’, délicieusement malsains qui, s’ils n’atteignent pas les sommets de l’angoisse d’un ‘Black Juju’ ou d’un ’Halo of Flies’, s’en rapprochent toutefois, contrairement au médiocre ‘Kill The Flies’, probable clin d’œil au titre précité, qui loupe sa cible.
"The Revenge of Alice Cooper" ne ressuscite pas l’âme du groupe des années 70, c’eût été étonnant, mais égrène rocks et hard rocks sans temps mort et ennui, et c’est plus que suffisant pour y trouver du plaisir.
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STAFF:
3.7/5 (3 avis)
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