VILDHJARTA: + Där Skogen Sjunger Under Evighetens Granar + (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

A peine plus de deux ans après “Måsstaden Under Vatten”, sur lequel le groupe entamait une transformation discrète et graduelle, les Suédois de Vildhjarta publient un album aussi complexe que bouillonnant, aussi éprouvant que direct, aussi aérien que terrien : “+ där skogen sjunger under evighetens granar +” (“où la forêt chante sous les sapins éternels”). Bien que la mutation se poursuive, les Suédois restent fidèles à eux-mêmes, malgré des changements de personnel - Johan Nyberg le bassiste a laissé sa place au batteur Buster Odeholm qui reprend aussi la quatre cordes. Venez découvrir ce disque monde, cet album labyrinthe où il faut laisser tout préjugé au vestiaire.

Dès les premières seconde l’ambition est affichée, les rythmes sont d’une complexité folle et les variations multiples (‘+ byta ut alla stjärnor på himlen mot plustecken +’). Est-ce vraiment une surprise, car le groupe avait annoncé son ambition et ses difficultés au cours de l’enregistrement : "Pendant la réalisation de cet album, chacun d'entre nous a pensé abandonner plus d'une fois. Mais nous sommes là". L’album, bardé de qualités, est guidé par un savoir-faire impressionnant : des guitares exceptionnelles côtoient de riffs millimétrés (‘+ sargasso +’) et une batterie solide qui donne corps aux chansons (‘+ hösten som togs ifrån mig +’). Il faut rendre hommage à ce travail de composition impeccable, sur lequel Vildhjarta ajoute une pointe de psychédélisme ou de folie qui gomme sa rigidité. La musique est plaisante car le disque propose suffisamment d'instants aériens quasiment divins (‘+ hösten som togs ifrån mig +’), assez de passages troublants qui égarent l’auditeur pour mieux le retrouver ensuite (‘+ viktlös & evig +’), ou beaucoup d'arpèges évanescents qui jouent à armes égales face aux riffs brûlants.

Sans s'appesantir sur des démonstrations bavardes, le groupe vise avant tout l'efficacité et la propagation d'un groove puissant. Les chansons sont ainsi condensées, presque directes, car la technique y est maquillée par une rage constante. Même si les développements musicaux manquent, leur absence apporte une forte cohésion à l’ensemble, une structure en béton armé qui unit chaque chanson en un tout cohérent. Le groupe aime les ruptures, ainsi chaque passage instrumental, chaque arpège semble trop court, la musique évoluant sans cesse. Ce n’est pas un défaut, mais un obstacle de plus qu’il faut surmonter pour digérer cette galette... Malgré tout, le défaut principal du disque est qu’il semble trop long : sa première moitié est excellente comme le témoigne l'introduction ou ‘+ två vackra svanar +’, puis il semble s'essouffler pour retrouver sa prestance sur son final (‘+ den spanska känslan +’).

“+ där skogen sjunger under evighetens granar +” est un bon album de djent mâtiné de psychédélisme et d’ambiance oniriques. Les Suédois publient un album hyper exigeant, un disque pour ceux qui veulent vivre de nouvelles expériences sonores. Et c'est un paradoxe, car d’un côté la technique folle peut rebuter l’amateur alors que les ambiances particulières subjuguent et charment les plus réfractaires. Le disque donne l’impression de saisir quelque chose de nébuleux sans en comprendre le sens, puis de le laisser s'évanouir comme un rêve oublié après une nuit agitée.

VILDHJARTA

+ DÄR SKOGEN SJUNGER UNDER EVIGHETENS GRANAR +

CENTURY MEDIA RECORDS

METAL PROGRESSIF