Avec ses trente ans de pratique de la guitare au compteur, Gabriel Palmieri n’est pas exactement un nouveau venu dans le petit monde des guitar heroes. Il officie d’ailleurs, entre autres, au sein de Deficiency depuis de nombreuses années. Avec "A Portrait Of Existence", il va au bout de son rêve, qu’il partage avec beaucoup de guitaristes issus comme lui du M.A.I. de Nancy, celui de sortir enfin son premier album solo de guitare instrumentale. Et disons-le tout net, c’est une belle surprise, car cette œuvre personnelle et aboutie témoigne d’une réelle maturité artistique.

Gabriel Palmieri nous livre un album très éclectique dans son approche musicale, mais très cohérent dans sa conception, si bien qu’il s’avère particulièrement intéressant au fil des écoutes, et surtout suffisamment original pour ne jamais tomber dans la facilité ni dans l’académisme parfois irritant inhérent à l’exercice. C’est en grande partie dû à l’esprit prog qui sous-tend quasiment toutes les compositions, à ce mélange réussi de groove et de riffs heavy (‘Beyond Heaven’, ‘Timeless Universe’), à cette façon très particulière de mélanger des influences jazz rock assumées et des phrasés néo-classiques vintage (‘Timeless Universe’).

Pas de doute, les influences de Gabriel Palmieri sont nombreuses (et c’est bien normal) : de Satriani (‘Crystal Skies’) au jazz fusion de Simon Phillips (‘Infinite Reflections’) en passant par Ritchie Blackmore (le très médiéval ‘Bard On The Green’). Mais l’intérêt de "A Portrait Of Existence", outre sa technique irréprochable, réside surtout dans la qualité des mélodies et la sincérité évidente avec laquelle le guitariste nous ouvre les portes de son univers sans en faire des tonnes.

"A Portrait Of Existence" s'impose comme le premier album solo convaincant d’un guitariste talentueux. A l’heure des albums de plus en plus formatés, Gabriel Palmieri nous offre une proposition musicale organique très réussie. Rien que pour ça, il mérite qu’on s’y attarde sans bouder son plaisir.