Heureux qui comme Herman Düne a fait un beau voyage... Le folk de ce groupe français a réussi à s'épanouir depuis une vingtaine d'années en parcourant tous les horizons. Mais une tournée en solitaire de David-Ivar Herman Düne nous a fait comprendre que le seul capitaine à bord, c'était bien lui. Après avoir roulé sa bosse aux quatre coins du monde, il était temps pour lui de rejoindre "son petit Liré", l'occasion de réaliser un quinzième album s'inspirant du retour d'Ulysse célébré directement par Homère mais également par James Joyce.
Comme la pochette le suggère, le poète est descendu dans la mêlée et l'aspect conceptuel du projet est très autobiographique. Cornaqué par le Texan David Garza (auteur d'albums solo et producteur de Fiona Apple, John C.Reilly, Sara Watkins), l'album démarre dans l'incertitude : 'La Brume' fait comprendre avec ses violons déchirants (qui rappellent le 'Riding With Mule' du précédent album "Petaouchnok") que partir, c'est mourir un peu. Cet aspect dramatique est rapidement effacé et l'auditeur est conduit par la main dans un voyage folk-rock assez généreux. 'Odysseus' est une carte de visite présentant aux amateurs comme aux néophytes les
différents ingrédients du son Herman Düne : voix grave et
chaleureuse accompagnée de voix féminines, lignes de guitares claires et séduisantes,
esprit mélancolique mais jamais dépressif. La sauce américaine pimente de plaisir l'écoute, faisant ressentir l'amour pour la culture musicale américaine, et Herman Düne joue ici un rôle de passeur de premier plan. Du dynamique 'Sneakers On The Phone Line' en passant par le bluesy 'A River Keeps Running' puis par la ballade 'Moonlight On Gaffey Street' évoquant une rue de Los Angeles, nous chevauchons sur les grandes plaines sous un soleil éclatant (mais non caniculaire).
Herman Düne s'est entouré de plusieurs partenaires féminines au chant. Accompagnatrices, elles peuvent parfois rivaliser derrière le micro comme le révèle le sommet 'Buffoon of Love' en duo avec son épouse Mayon. Les deux voix se conjuguent
en harmonie et se répondent avec un peu de malice (selon une logique
similaire au 'A Little Time' de The Beautiful South). Toutefois, certains pourraient penser que les voix de ces sirènes sont un peu trop insistantes, tombant parfois dans le mielleux ('369'). Le voyage n'est guère ponctué des soubresauts de tempêtes, comme si le pilotage automatique avait été enclenché. Ce n'est finalement pas rédhibitoire car la qualité est au rendez-vous mais il aurait été intéressant d'avoir quelques petites interférences et autres avaries sonores.
Véritable road-movie sonore, "Odysseús" nous offre un son folk rock chatoyant et ensoleillé. Malgré un petit manque de surprise, l'ensemble se montre aussi agréable que séduisant en moins de 40 minutes.