PHILOSOPHOBIA: The Constant Void (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Trois ans se sont écoulés depuis que Philosophobia a frappé un grand coup avec son premier album, révélation indiscutable en termes de metal progressif racé. Avec "The Constant Void", le supergroupe européen ne se contente pas de confirmer son potentiel, il l'élève à des sommets inattendus. Car si le premier album brillait déjà par sa capacité à marier virtuosité technique et sens mélodique, ce deuxième opus peaufine cette alchimie avec un savoir-faire impressionnant, gagnant au passage en puissance et en densité émotionnelle.

L'arrivée de Sebastian Heuckmann à la basse, en remplacement de Kristoffer Gildenlöw, aurait pu déstabiliser l'équilibre fragile d’un groupe travaillant principalement à distance. Il n'en est rien. Le musicien s'intègre avec une évidence déconcertante dans l'architecture complexe de la musique de Philosophobia, apportant même une assise rythmique encore plus percutante qui sublime le jeu remarquable d'Alex Landenburg à la batterie.

Cette cohésion instrumentale se ressent tout particulièrement dans les passages les plus progressifs de l'album. Moins mélancolique que son prédécesseur mais paradoxalement plus profond émotionnellement, "The Constant Void" révèle un Philosophobia plus metal, mais toujours obsédé par cette recherche mélodique constante qui fait son identité. Les riffs d'Andreas Ballnus gagnent en tranchant ('King Of Fools', 'Inside His Room'), tandis que les claviers atmosphériques de Tobias Weißgerber tissent des nappes sonores d'une beauté saisissante qui enveloppent l'ensemble sans jamais l'étouffer (‘The Fall’).

Au cœur de cette réussite, la voix de Domenik Papaemmanouil fait office de fil rouge. Son chant, toujours aussi expressif et puissant, navigue avec une aisance confondante entre les passages les plus metal et les instants les plus contemplatifs ('Will You Remember ?'). Cette polyvalence vocale permet au groupe d'explorer des territoires émotionnels d'une richesse rare, de la balade poignante ('Underneath Grassroots') aux envolées prog les plus épiques (‘The Forgotten, Part II’).

Car c'est bien là que réside toute la force de Philosophobia : cette capacité unique à maîtriser parfaitement les codes du metal progressif sans jamais tomber dans l'écueil de la démonstration gratuite. La technique, omniprésente et remarquable, reste toujours au service des morceaux et de l'émotion. L'instrumental 'f 40.8' en est l'illustration parfaite : morceau virtuose où chaque musicien peut exprimer pleinement son talent, il n'en demeure pas moins profondément musical et captivant.

Cette maturité en matière de composition atteint son apogée avec le diptyque 'The Forgotten, Part I et Part II', qui déploie toute la palette créative du groupe. La partie II notamment, est une épopée de vingt minutes qui emmène l'auditeur dans un voyage à travers tous les recoins du metal progressif moderne, des passages narratifs aux solos éblouissants, des synthés envoûtants aux déferlantes instrumentales les plus rageuses.

Avec "The Constant Void", Philosophobia signe un album intense, cohérent et passionnant, qui surpasse le premier album du groupe dans tous les domaines : composition, arrangement, production, cohésion artistique. Plus qu'un simple album de metal progressif, c'est un véritable manifeste créatif qui positionne définitivement Philosophobia parmi les références incontournables du genre. Une œuvre magistrale qui confirme que ce supergroupe n'a pas fini de faire sensation sur la scène internationale.

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