Si l’on retrouve toujours cette écriture ciselée et ces arrangements nets qui sont la marque d’A.C.T., l’ensemble sonne ici plus posé, presque hivernal. Les rythmiques se font plus binaires, les tempos moins bondissants, comme si le groupe avait laissé sa verve théâtrale au vestiaire pour mieux sonder d’autres paysages - plus brumeux, plus retenus. Le superbe ‘Home’, avec sa mélodie simple mais poignante, incarne parfaitement ce recentrage sur l’essentiel : une émotion pure, sans surcharge. 'Signs' qui le précède, s'inscrit également dans cette veine avec un refrain efficace. 

Le format EP, déjà adopté par le groupe depuis "Rebirth", semble ici plus assumé que jamais. Les morceaux, souvent brefs, n’offrent que peu de place aux détours progressifs. Pas de longues montées ni de développements alambiqués : juste l’essence du propos, concentrée. Cela peut frustrer les amateurs de structures à tiroirs, mais on peut aussi y voir un choix artistique délibéré : dire beaucoup en peu de temps, comme un haïku musical.

Certains titres flirtent avec d'autres genres, à l’instar de ‘A New Beginning’ qui n’aurait pas juré dans une playlist AOR des années 1980, ou encore ‘Waiting for the Sun’, faussement lumineux mais toujours contenu. On note également l’élégance des claviers de Jerry Sahlin, notamment sur les ponts plus feutrés, qui apportent une petite chaleur bienveillante dans l’hiver annoncé.