Les
disques des Américains de Cheap Trick usent nos platines depuis près
de cinquante ans. Après quatre années de pause, et
avec quelques semaines d’avance,
les gars de l’Illinois offrent
à leurs fans leur cadeau de Noël, un présent qui a pour nom "All
Washed Up", 21ème
album du combo.
Robin
Zander et
Rick
Nielsen, les
deux créateurs du groupe encore aux affaires aujourd’hui, ont
respectivement 72
et 77 ans, et les aficionados espèrent
tous que
les
machines à laver figurant sur la pochette ne présagent pas
une
équipe
lessivée.
Cheap
Trick c’est du power-pop, du rock nerveux, et
un savoir-faire atavique en matière de refrain qui atteint sa cible. Les
originaires de Rockford (ça ne s’invente pas !) sont toujours
restés droits dans leurs bottes depuis leurs débuts et, s’ils
devaient se justifier, pourraient sereinement affirmer que refuser de progresser peut aussi signifier rester fidèles à soi-même.
Ainsi, "All
Washed Up" ne
révolutionnera
pas
la
fin de carrière du groupe, ni ne
marquera un tournant dans
son
parcours.
Il est donc juste question ici de juger
si la livraison 2025 vaut le détour, ou si elle fait partie des
galettes victimes d’un coup de moins bien de
ses auteurs,
comme ils
ont pu en commettre quelques-uns.
A
ce titre, les débuts de l’opus provoquent une certaine inquiétude. En
effet, les quatre premières
plages
ne sont pas, et loin s’en faut, ce que Cheap Trick a produit de
mieux au
cours de ses tribulations. Ainsi, le
morceau éponyme, ses gros riffs râpeux limite punk et sa mélodie
aux abonnés absents, 'The Riff That Won’t Quit' et son rock énervé
qui tombe à plat, et l’horripilant 'Bet It All', répétitif en
diable,
sont loin de casser la baraque. Quant à 'All Wrong Long Gone', qui
flirte avec un AC/DC sous perfusion pop, il
laisse
carrément dubitatif. Heureusement,
la suite est d’un autre calibre et les tubes se succèdent jusqu’à
la fin de l’œuvre. On n'en attendait pas moins d’un quatuor
intronisé
au Rock And Roll Hall Of Fame, et
pouvant se targuer d’avoir
vendu vingt millions d’albums.
A
l’écoute des sept morceaux restants on retrouve l’élan
mélodique des Américains. Le
soin porté aux mélodies rend leur écoute facile et leur fluidité
respire l’aisance de musiciens expérimentés. Ces gars du Midwest
proposent ce qu’ils ont plaisir à jouer, sans
chercher à atténuer
leurs ambiances sépias
avec
une artificielle touche de modernité,
ou céder
à
des ferveurs
contemporaines.
Cheap
Trick se fiche bien de la mode et n’a d’yeux que pour ses vieux
collègues
inspirants, comme
les Beatles surtout
('The
Best Thing' et 'Twelves
Gates' notamment),
et
Queen parfois
(le
jazzy 'Wham Boom Bang' qui
rappelle les débuts de la Reine).
Cheap Trick n’avait
plus rien à prouver, mais il
a visiblement encore
quelques
plaisirs
à transmettre. Tout
n’est pas réussi dans ce "All Washed Up" dont le démarrage atténue
l’impact, mais il propose de beaux moments emplis de nostalgie. Ces
instants de sérénité nous rappellent un temps qui n’est plus,
mais qui a vu se dresser les fondations de notre sanctuaire
musical. Par respect, nous saluerons donc comme il se doit ces
survivants d’une autre époque en les remerciant de créer encore.