Nous pouvons toujours faire confiance aux Suédois pour vidanger du bon hard / heavy vieilli dans un fût de chêne, simple et efficace, remuant et gouleyant. C’est même presque devenu une A.O.C., de Dead Lord à Horisont en passant par Graveyard et beaucoup d’autres. La qualité est toujours au rendez-vous, le plaisir aussi. Et quand ce revival est accordé au féminin, l’orgasme est encore plus tenace.
Démonstration avec Teaser Sweet, quatre rondelles au compteur depuis 2013, bloquées dans les années 1980 et une chanteuse qui a tout pour elle : la beauté, la voix puissante et l’énergie communicative. Après cinq ans d’abstinence, le quatuor de Jönköping revient en force avec "Night Stalker". Contrairement à ses trois prédécesseurs, publiés de manière indépendante, celui-ci voit le jour sous la bannière de High Roller Records, officine allemande bien connue qui a fait du metal old school son fonds de commerce.
Gageons que le soutien de ce label devrait permettre aux Suédois de répandre à plus large échelle encore leur bonne parole et ce d’autant plus que, dressant une inspiration gonflée au Viagra, le successeur de "Monster" affiche toutes les qualités pour cela. En à peine plus de trente minutes, ce sont huit chansons (plus une intro) qui défilent à un rythme endiablé. Toutes sont des hymnes en puissance, à commencer par ce ‘Night Stalker’ dont mélodie et refrain fédérateurs s’accrochent d’emblée à la mémoire comme une moule à un rocher. C’est le genre de titre qu’on se surprend à fredonner sous la douche et qui donne la banane pour affronter la journée.
Bétonné par une rythmique appuyée, ‘Deep In the Woods’ se révèle tout aussi mémorable, de même que, dans un registre un peu plus lent, ‘Living In Sin’, aux guitares mordantes. Et que dire de ‘Blue Sky’, lancé comme une ballade avant d’accéler le tempo pour un résultat irrésistible. La science du refrain qui fait mouche est encore à l’œuvre avec ‘Eat You Alive’ tandis que ‘Turn Me On’, d’une élégance batailleuse, est taillé dans le meilleur du heavy des années 1980. ‘Killer Machine’ et ‘Cold is The Fire’ achèvent déjà l’écoute avec un égal savoir-faire, mêlant courbes accrocheuses et bonne humeur.
"Night Stalker" fait mouche avec une agréable absence de prétention, porté par une frontwoman de choc et de charme dans la belle tradition des Doro et autre Lee Aaron. Fort de ce quatrième album plus solide encore que ses aînés, Teaser Sweet a désormais toutes les cartes en main pour se hisser au sommet d’un hard / heavy nostalgique mais éternel.